Madagascar Présidence. A quel politicien malgache se fier, vraiment !?

Samedi, 20 Janvier 2018 10:09 Dossier
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Attention! Cet article est profondément… politique. Allons-y gaiement.

Qu’est-ce que la politique? Étymologiquement parlant et littéralement, la politique signifie simplement ce qui est «relatif à la cité», au même titre que mécanique est ce qui est relatif aux machines, ou féerique, ce qui est relatif aux fées. En effet, Polis est le terme grec pour désigner la cité. Petite remarque: la cité, en Grèce antique, ne désignait pas seulement la ville d’un point de vue géographique, mais toute son organisation sociale. Pour éviter l’ambiguïté, Polis est d’ailleurs souvent traduit par cité-état. Cette dernière traduction reste cependant imparfaite, car Polis désignait les citoyens eux-mêmes plutôt que la structure les englobant. Ainsi on parlait de la cité des Spartiates et non de la cité de Sparte (Source: lapoliteia).

Cela dit, et dans une acception plus restrictive, la politique au sens de Politikè (art politique), se réfère à la pratique du pouvoir, soit donc aux luttes de pouvoir et de représentativité entre des hommes et femmes de pouvoir, et aux différents partis politiques auxquels ils peuvent appartenir, tout comme à la gestion de ce même pouvoir (Source: Wikipédia).

Nous y voilà: parti politique! Qu’est-ce? Il s’agit tout bonnement d’un «groupe de personnes qui partagent les mêmes intérêts, les mêmes opinions, les mêmes idées, et qui s'associent dans une organisation ayant pour objectif de se faire élire, d'exercer le pouvoir et de mettre en œuvre un projet politique ou un programme commun» (toupie.org). Et «l’homme politique» dans tout cela? Ici, le mot «homme» est un chiasme, c’est-à-dire un mot à double-fond, qui a plusieurs sens contradictoires. D’une part, l’homme est vaniteux, paresseux, jaloux et égoïste. D’autre part, il est aussi travailleur, attiré par le luxe et les biens matériels. Dans ses relations avec ses congénères, on constate aussi cette tendance chiasmatique, qui fait de l’autre un modèle que l’on admire mais aussi un obstacle que l’on veut surpasser. Cette tendance fait de chaque homme un politicien, du moins en puissance, qui, mû par sa vanité et son goût de l’action, contribue au bien-être général de la société. Mais l’homme politique, pris ici au sens le plus large du terme, n’en a jamais assez. Il veut dépasser son modèle.

L’histoire du meurtre de Brutus sur l’empereur romain Jules César, son père adoptif, fait partie de grands classiques dans le monde politique. La soif de pouvoir va souvent de pair avec une envie d’être reconnu et l’appât du gain. Ces aspirations irrépressibles créent une dynamique qui repousse toujours plus loin les limites du «convenable», les méthodes employées pouvant facilement outrepasser les bornes de la moralité. La particratie (forme de gouvernement au sein duquel le pouvoir serait exclusivement détenu par des partis politiques) pousse alors l’homme politique dans un jeu compétitif où l’individu est réduit au rang d’acteur, non pas au sens d’être agissant, mais au sens de comédien. «La trahison va se cacher sous le voile de la politesse», affirmait le philosophe français Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), qui partait de l’hypothèse que l’homme est bon par nature.

«La véritable nature de l’homme est profondément cachée dans la société polie», avait observé l’écrivain philosophe néerlandais Bernard Mandeville (1670-1733) avant lui. L’homme dans le système politique n’est donc pas amoral, mais il est poussé par la dynamique du système vers l’immoralité. La norme n’est plus le fruit d’une réflexion morale mais est dictée par un comportement dominant, c’est-à-dire ce que chacun fait pour survivre. Le concept de norme perd son lien avec la moralité et l’homme est prêt à rompre avec sa conscience. Etant donné que chacun le fait et que la responsabilité en incombe au système, l’homme accepte facilement de renoncer à son identité, ou du moins à certains éléments de son identité. Cela nous rapproche de l’essence de l’éthique qui est une discipline philosophique portant sur les jugements de valeur. L'éthique se définit telle une réflexion fondamentale sur laquelle la morale établira ses normes, ses limites et ses devoirs.

Un comportement non éthique commence dès lors que je renonce à mon identité; lorsque je n’agis plus conformément au rôle qui m’est attribué dans la société. Lorsque, en tant que ministre (mot du latin qui signifie «serviteur». Oui, monsieur le Premier ministre et les autres) ou en tant que «civil servant» (fonctionnaire en français) je ne suis plus au service de la communauté, mais au service de moi-même et de mon entourage, mes actes ne peuvent plus être considérés comme éthiques, même si j’aide mes «amis». Le clientélisme est donc un renoncement aux devoirs de base de l’homme politique ou du «civil servant». (in «Éthique et politique: un couple infernal» de Rudy Aernoudt).

Tout cela révélé, ce qui vous a très certainement sidérés (mais vous ne pouvez pas tout savoir, n’est-ce pas?), pointons notre loupe au saint des saints du régime Hvm. Si, à Madagascar, ce n’est pas une particratie qui est de mise -il n’y a même pas d’opposants de manière officielle-, par contre, c’est le clientélisme qui domine. Ainsi, sur les conseillers spéciaux («mpanolotsaina manokana») de la première heure, seul un est issu d’un parti politique. Ils ont tous été nommés durant l’année 2014 et, depuis, trois ont été limogés comme des malpropres à ce poste. Il s’agit de: Jaobarison Randrianarivony, Henry Rabary-Njaka (limogé le 13 septembre 2017), Rachid Mohamed, Nicole Andrianarivoson (limogée le 9 novembre 2017), James Andrianalisoa, Herisoa Razanadrakoto (limogée le 11 janvier 2018) ; Solofo Rasoarahona, Hugues Ratsiferana, Harison Edmond Randriarimanana (seul politicien transfuge du parti TIM de Marc Ravalomanana).

Tous (sauf Solofo Rasoarahona) sont, à présent, membres du parti présidentiel HVM (Hery vaovaon’i Madagasikara) créé le 29 mai 2014 et présidé par Rivo Rakotovao, actuel président du Sénat par la magie d’un vote à candidat unique dans une république censée être démocratique. Petite remarque… remarquable: Mbola Rajaonah ne fait partie ni de la liste officielle ni du parti présidentiel.

Pour les autres conseillers qui sont techniques et permanents, nous pénétrons dans un panier à crabes de personnages politiques sans éthique du tout et sans discipline de parti. Seule compte la «survie financière»

* Conseillers techniques permanents :

Randriamandroso Denis, ambassadeur en Afrique du Sud sous Marc Ravalomanana, décret de nomination n° 2015-1244 du 28 août 2015

Andriamanerasoa Nirina, ancien PCA d’Air Madagascar, conseiller spéciale et ministre de la Production Agricole et de la Réforme Agraire de Didier Ratsiraka, décret de nomination n° 2015-1246 du 28 août 2015

* Conseillers Techniques Permanents auprès du Président de la République à partir du 9 novembre 2017:

Olga, Manandafy, Benjamin et Yves Aimé

Vaomalala Adeline Harisoa Olga, ancienne ministre de la Population sous la dernière transition et épouse du fondateur du parti MASTERS, Alain Ramaroson (qui croupit en prison pour une affaire de terrains «familiale»); Rakotonirina Manandafy, fondateur du parti MFM; Vaovao Benjamin, ancien haut cadre du parti AREMA de Didier Ratsiraka; Rakotoarison Yves Aimé, originaire du parti TIM de Marc Ravalomanana, ancien ministre d'Etat chargé des Relations avec les Institutions sous la dernière transition sous l’étiquette mouvance Ravalomanana.

Enfin, le nom de deux hommes sont à relever.

*Seul vazaha de la liste officielle


Leclerc Philippe, de nationalité française. Chargé de Mission permanent auprès du Président de la République, décret de nomination n° 2016-032 du 20 janvier 2016.


*Seul servant servile plus que «civil servant»

Ramamonjiarivelo John Richard, Directeur des Affaires Sociales, décret de nomination n° 2017-243 du 12 avril 2017, le servant servile plus que «civil servant»… de Ratsiraka à Rajaonarimampianina donc. Il travailla longtemps à l’ambassade de Madagascar à Paris. Monsieur Richard a été, un temps, directeur de cabinet de Voahangy X. Un poste créé de toutes pièces, les attributions de la Première dame malgache ne figurant dans aucun texte constitutionnelle. L’opinion publique se demande toujours la raison de sa présence, en septembre 2016, à Soamahamanina, qui a précédé l’arrestation innommable (en plein enterrement et sans aucun mandat) d’Augustin Andriamananoro, ancien ministre et haut cadre du parti Tgv de l’ancien président de la transition, Andry Rajoelina. Mais, surtout originaire de ce village alors en proie à l’exploitation minière de Chinois patibulaires.

En dehors de ces conseillers permanents, il existe des conseillers non permanents. En cette mi-janvier 2018, ils sont au nombre d’une quarantaine de «mpanolotsaina» qui émargent du budget de la présidence de la république de Madagascar. A combien s’élève leur masse salariale, en plus des avantages matériels? Faramineux est l’adjectif adéquat, en regard de la pauvreté ambiante. Et je n’ai traité que des conseillers. Car il existe des tas de directeurs, de chargés de mission, d’attachés de cabinets (civil et militaire). Mais tout ceci peut-il vraiment expliquer pourquoi le budget de la présidence est toujours trop… consistant? Dire que ce sont les contribuables malgaches qui… contribuent à enrichir ces personnages dont l’utilité pour la nation n’est pas évidente du tout.

A quoi sert cet article, diriez-vous. Mais à vous cultiver et à vous informer sur ce que l’on tente (en vain) de vous cacher, les gars! Et ils sont nombreux ceux qui ne se pointent qu’à l’approche de la fin du mois. Le reste du temps, ils sont… invisibles. Sauf lors de cérémonies budgétivores comme une présentation de vœux des corps constitués. Là, tout ce beau monde est présent.

Jeannot Ramambazafy - Article également publié dans La Gazette de la Grande île du samedi 20 janvier 2018

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Mis à jour ( Samedi, 20 Janvier 2018 10:25 )