Marc Ravalomanana : Révélations tardives de Niels Marquardt : «Nous avons même constaté sa démission»

Dimanche, 23 Mai 2010 18:46 Dossier
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Niels Marquardt, ambassadeur nommé par l'administration Bush junior

A l’approche de son départ définitif de Madagascar, après trois ans à la tête de la diplomatie américaine, Niels Marquardt a révélé ses convictions personnelles quant à la situation qui prévaut actuellement dans la Grande île. Des révélations véridiques à propos de… Marc Ravalomanana.


Le Maire Andry Rajoelina au 9ème Congrès de Metropolis à Sydney, en Australie, du 22 au 25 octobre 2008

« Le problème du conflit d’intérêt à Madagascar était un sujet qui nous préoccupait beaucoup. Mon adjoint avait déjà proposé, à une époque, que le président vende sa société, et je partageais tout à fait son avis. Depuis 2002, tous les ambassadeurs américains ont toujours conseillé au président de séparer ses affaires personnelles des affaires de l’Etat (…). Après l’élection présidentielle de 2006, on a commencé à constater des problèmes. Nous n’avons pas compris la réforme constitutionnelle de mars 2007 (Ndlr : en gros, Marc Ravalomanana, en tant que président de la république, s’est arrogé le droit et le pouvoir de diriger le pays par voie d’ordonnance pour "cause déterminante" -jamais déterminée- et a enlevé le caractère laïc de la république). Il y a eu aussi ces tensions inutiles créées avec le maire d’Antananarivo (Ndlr : Andry Rajoelina, à l’époque) qui a pourtant été démocratiquement élu, ainsi que les promesses non tenues de la réforme électorale. Tout cela a choqué la communauté internationale ». Ah bon ? Pas tellement vu sa position actuelle vis-à-vis du même Ravalomanana… « Nous voyons qu’en se créant ainsi des ennemis, il (Ndlr : Marc Ravalomanana) allait dans le mauvais sens ».

A propos de démocratie et de réformes électorales, Niels Marquardt a été très explicite : « La démocratie est une expérience, pas une culture. Nous avons essayé d’apporter notre appui à Madagascar en ce sens, mais parfois sans réussite. Un projet financé par le gouvernement américain avec la NDI (National Democratic Institute) a été mis en œuvre pour apporter un appui aux élections et à la promotion de la culture démocratique, ainsi que pour préparer le terrain aux réformes électorales. La NDI est repartie en mai 2008 après avoir mené à bien le projet, mais avec un certain désespoir. Le gouvernement semblait de moins en moins ouvert aux réformes électorales. Il a bien soumis un projet de loi sur les partis politiques six mois plus tard, mais en interdisant les indépendants de briguer des mandats électifs. On se demandait bien pourquoi ». Et maintenant que vous allez quitter le pays, avez-vous enfin « compris » ?


Marc Ravalomanana annonçant sa démission à la Tvm, le 17 mars 2009, en remettant ses pouvoirs, de manière anticonstitutionnelle, à un directoire militaire (Ordonnance 2009-001 du 17 mars 2009). Ce, après avoir dissous son gouvernement (Décret 2009/ 239 du 17 mars 2009)

Malgré ces déclarations bien tardives, son comportement bizarroïde lui a valu l’étiquette de « conseiller de Marc Ravalomanana ». Qu’a répondu l’ambassadeur Marquardt ? « Je l’ai dit, plusieurs fois. Nous ne soutenons personne. Nous n’avons jamais réclamé le retour au pouvoir de Marc Ravalomanana, nous avons même constaté sa démission. Cette étiquette pro-Ravalomanana et anti-HAT est entièrement fausse. Nous soutenons la démocratie et le retour à l’ordre constitutionnel ». Décidément, il faudrait savoir Niels Marquardt. En effet, pourquoi alors, des mois durant, avoir laissé passer cette fausse information de « coup d’Etat », de « putsch » ? On aurait pu économiser des morts…

No, Mister Marquardt ! L’Histoire retiendra que vous n’aviez pas eu les mains aussi propres dans cette crise politique 2009-2010 à Madagascar

Comme on dit : un péché avoué est à demi-pardonné. Mais le très controversé ambassadeur américain ne semble pas avoir eu de promotion, de la part de l’administration Obama. En effet, d’ambassadeur, il succèdera à Judith R. Fergin en tant que consul général des États-Unis à Sydney, Australie, dans moins d’un mois. L’US Embassy se situant à Canberra. On se demande si c’est une forme de sanction et pourquoi ?

Recueillis par Jeannot Ramambazafy – 23 mai 2010

(Source : L’express de Madagascar du 22 mai 2010)

Mis à jour ( Dimanche, 30 Mai 2010 10:37 )