Madagascar Peste. Pour que Charlotte Faty Ndiaye ne…peste à mort

Jeudi, 05 Octobre 2017 12:01 Chronique
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Les Malgaches auront donc tout vu et tout vécu depuis l’accession de cet expert-comptable au pouvoir. En quatre ans, il a su démontrer avec brio son incompétence totale à gérer un pays, mettant le bien-être de la population malgache à la dernière place de ses priorités. Pour lui, et jusqu’à preuve du contraire, gouverner ce n’est pas prévoir mais quémander après coup: mort d’hommes jamais élucidée les 26 juin 2015 et 2016; trop grand nombre d’accidents mortels de la route; inondations; invasion de criquets pèlerins; famine dans le Sud et pauvreté généralisée longtemps ignorées; sécheresse impensable jusqu’à Antananarivo; attaques mortelles sur les routes nationales; recrudescence des attaques des dahalo avec mort d’hommes systématique; attaques à main armée mortelles dans les quartiers de la Capitale jusque dans les restaurants; prises d’otages aussi bien d’étrangers que de nationaux. A tout cela vient de s’ajouter l’improbable.

Ainsi de l’actuelle épidémie de peste pulmonaire, la forme la plus dangereuse de cette maladie qui n’existe plus qu’en RD Congo, en Tanzanie et à Madagascar. Elle a ressurgi au début du mois de septembre 2017. Mais, comme à son habitude, ce régime Hvm/Rajaonarimampianina a minimisé la chose, se contentant de déclarations exemptes d’actions réelles. Comme celles du ministre de la Santé publique, Mamy Lalatiana Andriamanarivo. C’est bien au micro de Radio France internationale qu’il avait annoncé, avec une phraséologie assez suspecte, que la situation était maîtrisée. Sa phrase exacte: «Oui, on peut dire que la situation est sous contrôle. Les autorités locales qui ont travaillé d’arrache-pied, eh bien, ont pu avoir des résultats. On a pu stopper la maladie».

Je ne sais pas à quel point, «la situation a été maîtrisée» et de quelle manière «les autorités locales ont travaillé d’arrache-pied» mais, au lendemain de ces splendides déclarations -et pour la première fois dans l’Histoire de Madagascar, selon un expert de l’OMS-, la peste est parvenue en plein cœur de sa Capitale et a frappé à mort un étranger. Il s’agit du Seychellois, Alix Allisop, coach de l’équipe nationale de basketball de son pays, venu participer au tournoi pour la Coupe des Clubs Champions de l'Océan Indien (CCCOI) 2017. Du coup, première aussi dans les annales de cette CCOI: les phases finales de ce tournoi se sont déroulées à huis clos. Mort de la peste pulmonaire, le corps du pauvre Alix Allisop sera incinéré à Antananarivo et ce ne sont que sur ses cendres que sa famille aux Seychelles pourra se recueillir. En réalité, il est mort par négligence gouvernementale. Comme un enfant comorien. C’est aussi honteux que malheureux pour la Nation malgache toute entière.

Le décès -improbable quelques jours plus tôt- de cet étranger, réveillera enfin les membres de ce «gouvernement de combat», de leur torpeur à laquelle ils ont habitués les Malgaches depuis qu’ils sont au pouvoir. Mais encore une fois, c’est trop tard: la panique s’est installée aidée par le «tsao», cette rumeur qui gonfle le nombre de décès. Face à cette situation moyenâgeuse, un président de la république qui brille par son silence. Un silence pesant qui tue plus encore. Décidément, on ne lui a pas du tout appris l’empathie à l’université du Québec à Trois-Rivières au Canada. Quant à la ministre de la population, elle s’est évaporée on-ne-sait-où face à cette situation, cette ambiance mortelle… Qu’ils sachent tous que l’important ce n’est pas de publier des bilans morticoles journaliers, loin des endroits atteints. L’important, c’est d’agir avec pragmatisme. Surtout lorsque le directeur de la Promotion de la santé (quel titre pompeux!), Dr Rakotoarivony Mamy, a affirmé que «la saison pesteuse ne fait que commencer». Et il paraît qu’elle s’étend jusqu’au mois… d’avril!

Que faire, dès lors? Attendre et mourir sagement? Idiotement? Il est des morts que l’on peut repousser. Ainsi donc, la peste passe annuellement à Madagascar, sur une période donnée (septembre-avril). En quatre ans, ce régime Hvm/Rajaonarimampianina n’a même pas été foutu de mettre en place ce que mon propre père a effectué. Dans les années 1960-1970, le Dr Jean Ramambazafy était médecin-inspecteur puis ProSanté de l’Emyrne, c’est-à-dire Chef du service de santé de toute la province d’Antananarivo. Il fut aussi Directeur de l‘IHS (Institut d’hygiène sociale). Avec lui et à son niveau, aucun rat n’existait dans la capitale pour la simple et bonne raison que tous les 15 jours, des agents du ministère de la Santé publique venaient dans chaque quartier, chaque maison pour y déverser du dichlorodiphényltrichloroéthane communément appelé DDT. C’est le rôle du «fanjakana» (administration), n’en déplaise au petit sociologue, Paul Rabary, devenu ministre de l’Education nationale, qui raconte n’importe quoi. Genre: « l’assainissement et l’hygiène sociale des quartiers et des foyers ne sont pas du domaine du «fanjakana» ». Pauvre Mathilde Rabary, sa maman qui achète mes livres…

A quel moment et pourquoi cette pratique a-t-elle été délaissée, je ne sais pas. Mais à l’accession du Hery vaovao au pouvoir, marquant le retour à l’ordre constitutionnel de tous les espoirs, aucune action de prévention de ce genre n’a été mise en place. Or, cela aurait du se faire chaque début du mois d’août. Avant la fameuse « saison pesteuse ». Cette année 2017, les feux de brousse ont fait des ravages tout au long de la RN4 menant vers Mahajanga. Les rats ont fui leur habitat détruit par le feu pour trouver refuge dans des zones habitées. On oublie bien trop et trop vite que le premier cas de peste, cette année, émanait d’un habitant d’Ankazobe (sur la RN4 justement) qui s’est rendu à Toamasina où il est décédé. Mais il est passé par la gare routière d’Antananarivo où aucune action concrète et efficace n’a été effectuée, malgré les déclarations des responsables directs de la santé publique actuelle donc.

Vu la démographie galopante à Antananarivo, une seule solution demeure, rapide et efficace: mobiliser l’armée en dotant le maximum de militaires de matériel et de produits de dératisation adéquats. Charlotte Faty Ndiaye, représentante résidente de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) à Madagascar, l’a parfaitement compris. D’où son intention déclarée, lors de la réunion extraordinaire qui s’est tenue à la Primature de Mahazoarivo, le samedi 30 septembre 2017: «L’appui de l’OMS au gouvernement malgache consistera à doter le pays de médicaments anti pesteux. L’OMS va également appuyer la grande-île dans la logistique, notamment tout ce qui est matériel de protection individuelle du personnel de santé. Il s’agit d’une initiative fondamentale».

Merci Madame Ndiaye! Mais n’oubliez pas que c’est annuel. Par conséquent, et surtout, ne donnez pas d’argent (espèces ou chèque) à ce gouvernement en fin de mandat, sinon vous allez… pester à mort. Gouverner, c’est prévoir. Si, dès le 1er octobre 2017, le quai d’Orsay a prévenu les voyageurs de rester vigilants car « une épidémie de peste sous ses formes buboniques et pulmonaires sévit et se développe actuellement à Madagascar », Paul Rabary, ministre de l’Enseignement national a attendu la nuit du 2 octobre pour annoncer sa décision de fermer les écoles publiques pour une semaine. Vraiment, beaucoup de parents ont pesté!

Jeannot Ramambazafy

Mis à jour ( Jeudi, 05 Octobre 2017 12:41 )