Madagascar : «Les villes négligent leurs enfants», avertit l’UNICEF

Jeudi, 01 Mars 2012 16:42 Newsflash
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C’est dans les zones urbaines que l’on trouve certaines des disparités les plus profondes

COMMUNIQUE DE PRESSE

Antananarivo, 01 mars 2012 – Des centaines de millions d’enfants qui vivent dans des villes suite à une urbanisation galopante se voient exclus de services essentiels, avertit l’UNICEF dans son rapport La Situation des enfants dans le monde 2012 : les enfants dans un monde urbain (SOWC).

La poursuite de l’urbanisation est inévitable. Dans quelques années, la majorité des enfants grandira dans des villes, grandes ou petites, plutôt qu’en milieu rural, selon le rapport. Les enfants nés en ville représentent déjà 60 pour cent de la croissance de la population urbaine.


« Pour nous, l’image traditionnelle de la pauvreté, c’est un enfant dans un village rural, a affirmé le Directeur général de l’UNICEF Anthony Lake. Mais aujourd’hui un nombre croissant d’enfants vivant dans des taudis ou des bidonvilles font partie des personnes les plus désavantagées et vulnérables du monde. Ces enfants sont privés de services essentiels et du droit de s’épanouir. »
A Madagascar, d’après les données du rapport, 30 pour cent de la population est urbaine. Le taux annuel moyen d’accroissement de la population urbaine est de 4.2%. Les investissements en infrastructures n’arrivent pas à suivre la croissance démographique urbaine. Les défis auxquels les populations urbaines et les enfants en particulier font face sont énormes. En premier lieu, l’absence de logement décent et sûr et d’infrastructures telles que les systèmes d’eau et d’assainissement. Moins de la moitié des ménages ont accès aux installations en eau à Madagascar et 15 pour cent seulement des ménages urbains utilisent des infrastructures d’assainissement adéquates.

Madagascar est confronté à des risques sanitaires majeurs face à l’insuffisance de l’approvisionnement en eau potable, l’assainissement et l’évacuation des déchets solides. Les problèmes d’assainissement et d`évacuation accroissent les maladies, dont les maladies diarrhéiques. En effet, 88 pour cent des décès dus à la diarrhée sont imputables à un manque d’accès à des installations d’assainissement, aggravé par le manque d’eau nécessaire à l’hygiène et la consommation. La diarrhée demeure l’une des maladies les plus meurtrières des enfants de moins de cinq ans à Madagascar.

Sur le classement des pays ayant le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans le plus élevé, Madagascar est classé 48e sur 193 pays : 62 enfants de moins de 5 ans sur 1000 meurent chaque année (SOWC 2012).

L’UNICEF agit en faveur de tous les enfants, vivant en milieu urbain ou rural. A titre d’illustration, pour répondre aux problématiques urbaines de l’eau, l’hygiène et l’assainissement, l’UNICEF, en collaboration avec la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) et par la suite avec le Fonds d’Intervention pour le Développement (FID) a mis en place depuis 2009 le projet « Promotion de l’hygiène dans la commune urbaine d’Antananarivo ». Le projet consiste à améliorer l’accès à l’eau potable, nettoyer des canaux, construire des ouvrages d’assainissement et collecter des ordures dans des bas quartiers. S’étalant maintenant sur plus de 2 ans, ce projet a déjà démarré dans 6 fokontany, et les travaux sont en cours dans 6 autres quartiers dont Ankasina. Au total, 38 fokontany de la commune urbaine d’Antananarivo avec plus de 300.000 habitants bénéficient de ce projet.

Evariste Kouassi-Komlan

« L’objectif de ce projet est de s'assurer que les populations vulnérables des bas quartiers aient accès aux infrastructures d'assainissement de base, aux ouvrages leur permettant de prévenir l'inondation, et qu'elles aient un réseau de collecte des ordures au sein des quartiers. Investir dans la promotion de l’hygiène et l’assainissement constitue l’un des moyens les plus économiques pour réduire la mortalité infantile. », précise Evariste Kouassi-Komlan, chef de la section WASH à l’UNICEF Madagascar.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, 1 USD dépensé pour améliorer l’approvisionnement en eau et assainissement génère au moins 5 USD et parfois même 28 USD de bénéfices économiques. Il est urgent de renforcer les investissements en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène dans les villes comme dans les campagnes. Bien que comparativement meilleure, la situation de l’eau et l’assainissement en milieu urbain se dégrade car les capacités ne suivent pas le rythme de croissance de la population.


Le rapport SOWC 2012 rappelle que dans les domaines de l’eau, l’assainissement et l’hygiène, mais aussi dans la santé, la nutrition, l’éducation, ou la protection, il est impératif d’axer les efforts sur l’équité. La priorité doit être donnée aux enfants les plus désavantagés, où qu’ils vivent. L’UNICEF exhorte les autorités à tous les niveaux à mettre les enfants au cœur de leurs politiques d’urbanisme et à fournir de meilleurs services à tous. L’action et l’implication des communautés de base sont également indispensables.

L’urbanisation est un fait. « Nous devons investir davantage dans les villes et nous focaliser davantage sur les services à fournir aux enfants qui en ont le plus besoin », a affirmé le Directeur Exécutif de l’UNICEF, M. Tony Lake, a l’occasion du lancement officiel du SOWC 2012.

Unicef Madagascar – www.madagate.com - Crédits photos d'Antananarivo: Fabrice Delannoy

Mis à jour ( Jeudi, 01 Mars 2012 16:50 )