Madagascar. Un pays en danger comme sa presse nationale

Jeudi, 07 Décembre 2017 02:41 Madagate affiche
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Il y a plus d’un mois, j’avais mis sur la page de profil de mon compte facebook, ma photo avec un T-Shirt où est écrit: «La presse nationale en danger». Certains avaient alors écrit pour demander: «Pourquoi? Mais que se passe-t-il?». Eh bien il se passe ce qui s’est déjà passé dans le passé mais avec une amplitude qui frise la démence. Mais lorsqu’on apprend aux journalistes de la génération actuelle, l’art de se faire des ennemis, de corrompre la définition même des mots et de ne plus respecter les aînés, ce n’est plus la presse nationale qui est en danger mais le pays tout entier.

Tout cela à cause de deux hommes: un président de la république qui méprise ses compatriotes et un ministre de la Communication qui, en voulant régler d’éternels comptes personnels avec la puissance publique, tue de manière inexorable un métier noble pour quelques ariary de plus qu’il n’emportera nulle part. Pour eux, servir la nation n’est qu’un slogan impraticable. Quant aux fameux «journalistes» des médiaboliques (terme que j’ai inventé en 1991 à propos des antennes paraboliques de Didier Ratsiraka) du régime actuel, on leur apprend ceci: attaquez tout et tous ceux qui critiquent le régime Hvm et vous empocherez le pactole. On verra au final s’ils deviendront riches effectivement, mais pour l’instant, ne pas dénoncer leur infamie envers le pays tout entier serait non seulement de la lâcheté et de l’antipatriotisme, mais entrainera le journalisme malgache au même niveau que le propagandisme sous Staline, Hitler et Mussolini.

Ilaka. Radio Jupiter officiellement fermée. Merci Rolly!


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Il ne sait plus quoi faire ce ministre de la Communication repêché de Madagascar. Vraiment. Mais le comble, c’est qu’il sait pertinemment comment çà finit. Seulement, les sirènes à milliards sont irrésistibles pour lui. Dans son esprit, servir Hery vaovao avec des «articles» qu’il aurait fallu inventer s’ils n’existaient pas, et quoi que fasse ou dise leur gagne-pain (oui Hery Rajaonarimampianina n’est plus que sa raison d’être payé à la fin du mois, à lui et à ses diablotins); servir Hery vaovao donc, pour lui, le rendra riche comme Crésus. Et il utilise des jeunes et moins jeunes avec des salaires pourtant en dents de scie… Or, il faut que vous sachiez une fois pour toutes que ce n’est pas lui qui casque personnellement… Seules des miettes sortent de sa poche. On verra dans quelques mois, en ce qui concerne leur avenir, mais, pour l’heure, Harry Laurent Rahajason alias Rolly Mercia fait pire que son prédécesseur, Bruno Andriantavison (sous Marc Ravalomanana).

Bruno Andriantavison


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En effet, après la radio Feon’ny Sambava, dans le Nord de Madagascar, appartenant à Manoro Régis, membre très influent du parti UNDD (Union nationale pour le développement et la démocratie) fondé par le président Zafy Albert, Rolly Mercia vient aussi de fermer la radio Jupiter à Ilakaka, dans le Sud, pour cause… d’illégalité, purement et simplement! Une radio qui existe depuis 2002. A l’époque, elle se dénommait Radio Saphir, avant de devenir Radio Jupiter en juin 2005. Une radio qui a été nominée par Reporters Sans Frontières pour le prix RSF-TV5-Monde 2017. Une radio où travaille notre confrère Fernand Cello qui n’est plus à présenter, mais ceci explique assurément cela.


En fait, ce ne sont pas les seuls radios qu'il a fait fermer. Il y aussi les radio feon'Ihosy à Ihosy et radio feon'Isalo à Ranohira. Toutes concentrées dans une région où les autorités locales brillent beaucoup en matière de corruption et d'abus de pouvoir. Ils trouveront toujours des excuses pour museler ceux qui dénoncent les réalités. Jusqu'à quand?

Il n’a peur de rien le Rolly Mercia qui était déjà ministre de la Communication sous la transition 2009-2013. Pourquoi n’a-t-il pas fait fermer cette radio «illégale» à l’époque? Mais là n’est pas le problème. Est-il, oui ou non, conscient qu’en agissant de la sorte, il sera le numéro un de la défaite du parti Hvm à l’élection présidentielle de 2018 en matière de communication? Si ce n’est pas le cas, son… cas relève de la psychiatrie pure. A bien y voir, je pense qu’il veut se «rattraper» sur la connerie, pure aussi, des médias de Mbola Tafaray le financier (qui va finir par être la vache à lait d’«investissements» en pure perte), à propos des récentes déclarations du FFKM. Principalement «La Ligne de Mire» dont le sens de la désinformation (déformation des informations) est élevé en art: «FFKM, un appel à coup d’État?» peut-on lire en sa «Une» au lendemain des déclarations de ce Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar. Avec un article pseudo-historique à la sauce incendiaire Rolly Mercia. Un style facilement reconnaissable et repris par tous les jeunes journalistes du groupe.


Mais il s’est certainement fait taper sur les doigts par le big boss himself (president elect Hery, of course). En effet, non seulement ils ont enlevé cette «Une» sur leur compte facebook ainsi que sur certains secteurs d’Internet (on ne peut pas effacer toute l’Histoire ainsi, heureusement) mais le 1er décembre, le ministre a subitement changé de langage: «Raisin’ny fitondram-panjakana ho zava-dehibe iny fanambaran’ny Ffkm iny ary raisin’ny fitondram-panjakana ho anjara birikin’ny Ffkm amin’ny fanampiana ny mpitondra izy iny…». Traduction libre: «Le régime considère les déclarations du FFKM comme une grande chose et aussi une participation dans l’aide aux dirigeants». Dans la foulée, se voulant ironique, il n’a pas pu s’empêcher de contredire purement et simplement son action de fermeture de deux radios en une semaine. Car il a ajouté: «I Madagasikara dia iray amin’ireo firenena manaja ny fahalalahana maneho hevitra, ary vokatr’izany dia samy maneho izay tiany hambara ny tsirairay, na olom-pirenena tsotra izy na filoham-piangonana…». «Madagascar fait partie de ces pays qui respectent la liberté d’expression. Ainsi, tout un chacun peut s’exprimer librement, citoyens comme chefs d’église». Bravo!

La fermeture des radios Feon’ny Sambava et Jupiter, c’est quoi alors? L’envers de l’exception confirmant toute règle? Bah, quand on veut tuer son chien, on l’accuse toujours d’avoir la rage. Mais les plus enragés dans cette descente du journalisme malgache vers l’enfer de la pensée unique, ce sont bien ces jeunes formés à l’école sans mercy (pitié en anglais) de Rolly. Car ils se sont aussi tout bonnement attaqués aux journalistes doyens qui avaient publié un communiqué demandant le respect de la loi, en ce qui concerne la composition de la commission de délivrance de la carte de presse officielle.

On aurait pu tout leur pardonner mais pas çà. Ci-après, le dernier paragraphe d’un «article» signé N.H. paru dans «La ligne de Mire» évidemment. Du Rolly Mercia tout craché: «Comme le nom de leur club l’indique, les membres du CJD (Ndlr: Club des Journalistes Doyens) ne sont plus en fonction et par voie de conséquence, ils ne peuvent plus figurer dans la liste des bénéficiaires de la carte professionnelle des journalistes. En effet, avec une assurance particulière, le ministre de la Communication assure que seuls les journalistes en fonction pourront être titulaires de ladite carte de presse. Cette année, en tout cas, la commission de délivrance procèdera à un contrôle physique des bénéficiaires de la carte ». Imbécile va! Un contrôle physique, hein? Le mot «doyen» vient du latin decanus signifiant «chef de dix personnes». Depuis le Moyen Âge en Europe, le doyen est, dans le système universitaire mis en place, le personnage le plus élevé des facultés, une des structures constitutives d'une université (Wikipédia). De nos jours, c’est celui (ou celle) qui est le plus ancien suivant l'ordre de réception dans un corps, dans une compagnie. Par exemple, le doyen du corps diplomatique.


Par ailleurs, la traduction en langue malagasy est très explicite: Fikambanan'ny Mpanao Gazety Zokiolona (CJD). «Zokiolona», signifiant littéralement aîné des gens et non «Beantitra» voulant dire personne âgée, du 3ème. Une différence capitale car, contrairement à ce qu’insinue R.H. dans sa prose téléguidée, les doyens sont des personnes d’expérience, des aînés, des sages et non pas des individus grabataires qui «ne sont plus en fonction» ou qui ont besoin d’un «contrôle physique», mais des aînés qui restent des journalistes actifs -d’une manière ou d’une autre- jusque dans leur tombe. Je prends donc cela pour une insulte grave et irrespectueuse qui assassine l’identité culturelle malagasy même reposant sur le respect des aînés, ceux qui sont venus avant nous. Mais le vrai coupable n’est pas R.H. -et ses autres compères scribouillards incultes (s’ils se sentent insultés qu’ils prennent d’abord un dictionnaire pour connaître tous ces mots)-, mais ses commanditaires qui le paient bien moins que «l’ami» Maurice Tsihiavonana qui, lui, ne vend que sa parole… Pourquoi se suicider tout en avilissant le journalisme à Madagascar?

A présent, je prends sur moi le devoir d’éclairer quelque peu l’esprit de bon nombre de Malagasy citizen (et restez zen), particulièrement à l’approche des fêtes de la Nativité chrétienne 2017, et au seuil de la nouvelle année 2018. Rien n’est jamais inutile ici-bas. Je le fais, ici, à partir d’une lecture continuelle de la Bible. Le 4ème commandement dit: «Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne» (Exode 20: 12). Ici, le sens du verbe «honorer», traduit du grec, est: avoir de la référence, estimer, attacher de la valeur à. Il s’agit de le faire envers ceux qui sont donc venus avant nous et dont certains sont encore parmi nous aujourd’hui. Personnellement, je ne peux pas prendre comme exemple le président de la république qui est censé être le «raiamandreny» de tous les Malgaches, en parlant d’âge. Hery vaovao a quatre ans de moins que moi, il ne peut pas être mon père. Mais le pays en question est Madagascar, bien évidemment.


Ainsi, Dieu nous exhorte à honorer notre père et notre mère. L’honneur accordé aux parents est très important pour lui, au point qu’il le mentionne, comme cité plus haut, dans les Dix Commandements (Exode 20: 12) et le reprend dans le Nouveau Testament: «Enfants, obéissez à vos parents, car cela est juste. Honore ton père et ta mère – c’est le premier commandement avec une promesse – afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre» (Éphésiens 6: 1-3). Honorer ses parents est le seul commandement biblique lié à la promesse d’une longue vie. Ceux qui honorent leurs parents sont bénis (Jérémie 35: 18-19). En revanche, ceux qui, dans les derniers jours, sont décrits dans les Écritures comme ayant des «sens réprouvés» et vivant dans l’impiété, se caractérisent notamment par leur désobéissance à leurs parents (Romains 1: 30 et 2 Timothée 3: 2). Salomon, l’homme le plus sage de l’histoire, a encouragé les enfants à respecter leurs parents (Proverbes 1: 8 et 30: 17). Même si nous ne sommes peut-être plus sous leur autorité directe, en tant que croyants nous ne pouvons pas négliger le commandement de Dieu d’honorer nos parents. Même Jésus, Dieu le Fils, s’est soumis d’abord à ses parents terrestres (Luc 2: 51) puis à son Père céleste (Matthieu 26: 39).


Il ne s’agit pas pour vous de comprendre ou d’interpréter quoi que ce soit, mais de lire tout simplement et d’essayer de mettre cela en pratique dans votre quotidien, même si je sais pertinemment que bon nombre de chrétiens se conduisent plutôt comme des crétins. Pour clore cet article inédit, et c’en est un, ce qui suit est spécialement destiné au président Hery Rajaonarimampianina, fils et frère de pasteur: «Un fils sage écoute l’instruction de son père, mais le moqueur n’écoute pas la menace». (Proverbes 13:1). Ainsi, c’est par respect pour lui, en tant que son frère aîné dans la foi chrétienne, que je le critique pour qu’il revienne sur le droit chemin. Celui dicté par son serment, le 25 janvier 2014, fait sur la Constitution de la IVème république de Madagascar dont il restera, pour l’Histoire et à jamais, le premier président. Cependant, j’ai des doutes qu’il revienne à la raison. En tout cas, personne ne pourra jamais dire que je ne l’ai pas prévenu maintes fois à travers des critiques souvent rudes, certes, mais auxquelles le courant de l’Histoire donnera raison.

Sachez tous que l’honneur engendre l’honneur. Dieu n’honorera pas ceux qui désobéissent à son commandement d’honorer leurs parents. Mais honorer quelqu’un n’est pas toujours facile ni plaisant et c’est même impossible par nos propres forces. Cependant, l’âge aidant, c’est un moyen sûr d’accomplir notre destinée: glorifier Dieu. «Enfants, obéissez en tout à vos parents, car cela est agréable au Seigneur» (Colossiens 3: 20). Article inédit, vous ai-je dit…

Jeannot Ramambazafy - Article publié également dans le quotidien "La Gazette de la Grande île" du 6 décembre 2017

Mis à jour ( Vendredi, 08 Décembre 2017 13:47 )