EXTRAITS DU DISCOURS DE M. ALAIN VILLECHALANE

Délégué général de l’Alliance Français de Paris à Madagascar, Directeur de l’Alliance Française d’Antananarivo

« Au nom de toute l’équipe de la Délégation Générale de l’Alliance Française, j’aimerais vous souhaiter la plus cordiale bienvenue à ce 3ème colloque nationale des Alliances Françaises de Madagascar. Les 30 Alliances sont ici représentées par leur Président ou par un membre du comité et par leur Directeur, pour celles qui en ont un, et c’est un exploit quand on connaît les difficultés à se déplacer et les aléas des transports. J’en profite d’ailleurs pour saluer les toutes dernières Alliances Françaises, ou du moins les Antennes des pôles régionaux de l’Alliance Française : l’Antenne d’Ambohitrimanjaka, représentée par le Maire de cette commune rurale proche de la Capital, M. Malas Ralison ; l’Antenne de l’Alliance de Fénérive-Est, représentée par le Président du Comité provisoire, M. Joseph Tongavelo.

Partout dans le monde, nous comptons avant tout sur nos propres forces, sur notre capacité à attirer à nous des femmes et des hommes de qualité dont vous faites partie, pour assurer notre fonctionnement à travers l’autofinancement de nos activités. Sans vous, Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les membres des comités, l’Alliance n’aurait pas de sens. Vous faites partie, à Madagascar, d’un grand réseau humain de plus de 1.000 personnes composé de bénévoles, de personnes administratif et de service, d’enseignants et d’expatriés Français ou Francophones, (d’ailleurs l’Alliance d’Antsirabe est co-dirigée par une directrice malgache et une Volontaire Internationale, Mirka Kostelkova, de nationalité tchèque) ; réseau qui est au service du développement de l’Alliance Française et, par là même, au service du développement de votre pays.

Au premier plan : Mirka Kostelkova

(…) Les Alliances ont toute vocation à être des associations de droit local : irlandaises en Irlande, mexicaines au Mexique ou Malgaches à Madagascar. Vous savez combien elles sont impliquées dans la promotion des artistes locaux et dans l’animation culturelle en général ; la Fête de la Musique que l’on vient juste de célébrer à été fêtée dans 18 villes malgaches, grâce à notre réseau et a attiré plus de 60.000 spectateurs. Vous savez combien notre partenariat est précieux : que ce soit avec la Bibliothèque Nationale qui met à notre disposition quelque 200 m2 de locaux pour le stockage, le tri et l’envoi des milliers de livres que nous recevons ; combien notre partenariat est prometteur avec l’OFNAC (Office nationale d’Action culturelle) dont deux des administrateurs sont aussi membres du comité de l’Alliance Française d’Antananarivo (Aft).

Que ce soit dans le domaine de la Culture, de l’Education, du Sport -avec le perfectionnement des athlètes malgaches en français dans le cadre des Jeux des Îles, l’Alliance Française s’efforce de répondre à ses partenaires tant au niveau local que national. Les 30 Alliances Françaises de Madagascar sont des lieux où convergent Malgaches et Etrangers en quête de programmes éducatifs et culturels. Le rôle du creuset à l’écoute des besoins que joue ce réseau n’est plus à démontrer. Pour preuves, les fréquentes demandes d’ouverture d’antennes, voire d’Alliances. Et ce réseau, au fil des ans, a développé certaines spécificités :

Une fore coopération régionale, grâce aux actions conduites avec l’Île de La Réunion, et plus particulièrement avec le Conseil Régional dans le cadre du PARSEM ;

La multiplication des cours à la carte, fabriqués, façonnés à la demande des clients, expliquant la présence de l’Alliance Française dans plus de 80 entreprises ;

L’intervention en milieu défavorisé grâce aux ONG qui nous font confiance et l’appui financier de mécènes comme la Fondation MAUREL ;

Des partenaires privilégiés dans le domaines de la lecture publique avec la convention qui, à compter du 1er juillet 2007, rapproche l’Alliance Française de l’Association Trait d’Union présidée par Mme Christine de Gunzbourg, et des 21 CLIC (Centre de Lecture, d’Information et de Culture) et renforce le maillage au niveau national et ce en zone rurale, étant donné que ces 21 CLIC s’ajoutent aux 30 Alliances ;

Des partenariats privilégiés dans le domaine de l’Environnement -dont la Convention a été avec l’ANGAP (Agence Nationale pour la Gestion des Aires Protégées) ; dans le domaine de la Santé avec le CNLS (Comité National de la Lutte contre le Sida) et l’UNICEF pour l’ouverture de « Points Santé » dans les 30 Alliances. Des partenariats privilégiés aussi en direction du monde des entreprises grâce à la convention, signée en avril dernier, avec la CCIFM (Chambre de Commerce et d’Industrie France Madagascar) et, enfin, dans le Tourisme solidaire avec l’Ong Planète Urgence.

Point santé Sida

Mais ces spécificités n’auraient pas de légitimité sans la nécessaire modernisation de l’image de l’Alliance Française. En effet, outre le dépoussiérage des statuts de certaines Alliances, la généralisation de la charte graphique, la recherche de concours financiers extérieurs, la multiplicité des stages de formation des enseignants, des bibliothécaires, des personnels administratifs, l’harmonisation des méthodes FLE qui est en cours, nous permettent de vous assurer que les maisons de l’Alliance Française sont en pleine mutation. Mutation et rénovation puisque, comme vous le savez, des subventions importantes de l’Etat Français nous ont permis de réhabiliter et de construire de nouveaux bâtiments : Antananarivo en 2005, Ambatondrazaka, Tamatave, Tuléar pour les chantiers achevés ; Moramanga et Sainte Marie pour les chantiers en cours et demain Ambositra. Par la suite, dès que les formalités d’acquisition des terrains auront abouti, des dossiers pourront être élaborés pour Fort-Dauphin, Morondava, Samvaba et Antsiranana.

A ce jour, c’est presque Un million d’euros en 5 ans que le Ministère des Affaires Etrangères a accordé, dans le cadre des crédits d’investissement au réseau de l’Alliance Française à Madagascar et près de Quatre millions d’euros en 8 ans, toutes subventions confondues, hors salaires des expatriés. C’est dire si l’appui de l’Etat Français est décisif et nécessaire pour que notre action soit forte. C’est dire la grande confiance placée en nous par les plus hautes autorités de l’Etat Français. Et je saisis cette occasion pour saluer et remercier l’Ambassadeur de France à Madagascae, M. Alain Le Roy, Président d’honneur de l’Alliance Française d’Antananarivo, ainsi que toute l’équipe du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC), sous l’autorité du Conseiller de Coopération des Actions Culturelles, M. Christian Oquet et du Conseiller Culturel, M. Etienne Rabaté.

En effet, même si nous comptons avant tout sur nos propres forces, sur notre capacité à assurer notre fonctionnement à travers l’autofinancement de nos activités, il est difficile, voire impossible de générer des marges suffisantes au simple équilibre budgétaire dans le contexte économique que nous connaissons. Et malgré tous ces efforts réunis, des besoins urgents restent inscrits dans les priorités du réseau en matière de bourses de stage pour les professeurs, d’outils et de nouvelles méthodes pédagogiques, de formation du personnel, d’enrichissement du fonds des bibliothèques, du matériel de sonorisation et d’éclairage, de financement de tournées artistiques, d’équipements informatiques…

L’Alliance Française, lieu de rencontres et de respect des différences, lieu de formation et de convivialité est aussi une pépinière de talents et ses actions méritent d’être soutenues car, comme le disait le Général De Gaulle : « Notre langue et notre culture constituent pour un grand nombre d’hommes et de femmes hors de France, un foyer capital de valeurs, de progrès, de contact ; et c’est tout à la fois notre avantage et notre devoir de la pratiquer et de la répandre ». (…) En guise de conclusion, et en écho aux propos du Général De Gaulle, je citerais Claude Hagège, éminent linguiste qui, dans son dernier ouvrage « Combat pour le français », nous dit : « Le combat pour le français, ainsi que pour les autres langues, est un combat de l’esprit. L’histoire laisse apparaître que ce genre de combat, malgré son aspect naïf et désespéré, non seulement peut conduire à des victoires ponctuelles, mais, encore finit, au long du temps, par avoir raison des forces aveugles ».

EXTRAITS DU DISCOURS DE SEM ALAIN LE ROY,

AMBASSADEUR DE FRANCE A MADAGASCAR

« En tant que Président d’honneur de l’Alliance Française d’Antananarivo, et vous savez combien je suis fier de ce titre, je souhaite la bienvenue aux Présidentes et Présidents qui sont, comme chacun le sait, avec l’ensemble des membres des comités, les racines de ce mouvement planétaire qu’est l’Alliance Française et qu’ils s’emploient à faire fonctionner de manière totalement désintéressée avec l’aide essentielle des Directrices et Directeurs (…).

Comme le disait Marc Blancpain, ancien Président de l’Alliance Française de Paris : « Tout ce qui est de nature à rapprocher les hommes sert nécessairement le bien de l’humanité ; et l’Alliance Française est une école de connaissance et de respect des autres et donc de savoir et d’amitié ». L’Alliance œuvre donc en priorité pour la promotion de la diversité culturelle et de langue française qui est le seconde grande langue de diffusion internationale, après l’anglais mais avant l’espagnol, lequel est, certes dynamique et en croissance, mais sur le seul continent américain et n’a guère de poids significatif en Asie. Or, le français est, avec l’anglais, l’une des deux seules langues parlées sur tous les continents. Par ailleurs, on le sait, la langue française n’est pas la propriété de la France ; elle appartient à tous ceux qui la pratiquent et qui l’aiment (…).

Après avoir exprimé toute ma gratitude aux Présidentes et aux Présidents, je m’adresse aux membres des comités d’administration et aux quelque 300 bénévoles qui librement et généreusement servent l’Alliance Française. Je les remercie chaleureusement pour leur engagement et leur implication personnelle ; je ne voudrais pas non plus oublier les plus de deux cent quarante personnels administratifs et de service qui, avec les quelque 400 professeurs, font vivre ce magnifique réseau malgache. Comme le l’ai évoqué tout à l’heure, il est aussi l’heure de dire au revoir à certains :

Aussi, je tiens à rendre un hommage particulier aux partants, lesquels sont au nombre de six cette année :

Patrice FELICITE, VP, Directeur de l’Alliance Française de Manakara, qui nous a quitté début juin ;

Lucie CARON, VP, qui a exercé à la Direction de l’Alliance Française d’Ambanja ;

Camille DEVIN, VI, qui a été chargé de mission pédagogique à l’Alliance Française d’Antananarivo ;

Marc TORTOSA, Directeur de l’Alliance Française de Tuléar qui reste à Madagascar et qui rejoint le réseau de l’AEFE ;

Jacques MONTOURCY, Directeur de l’Alliance Française de Tamatave qui part à la Direction de l’Alliance Française de Kampala en Ouganda ;

Jacques BOUNIN, Délégué Général adjoint chargé de l’Action culturelle, qui part comme Chargé de mission culturelle à Dacca au Bengladesh.

Et le Service de Coopération et d’Action Culturelle, et plus particulièrement Christian Oquet, COCAC, et Etienne Rabaté, Conseiller Culturel, s’associent à moi pour vous remercier chaleureusement de votre implication au quotidien dans la bonne marche des Alliances que vous avez dirigées et pour tous les efforts que vous avez déployés pour faire vivre ce réseau et assurer, au quotidien, ses nombreuses tâches. Et je peux en témoigner puisque, à chaque fois que je vais dans une ville de province, je ne manque pas de rendre visite à l’Alliance Française et je dois dire que les autorités locales me parlent régulièrement de vos Alliances comme un endroit modèle, exemplaire, de rencontres et de promotion du français et des cultures francophones.

Mesdames et Messieurs, chers amis, je crois à la solidarité des liens qui nous unissent ; que votre présence aujourd’hui, à ce troisième colloque national, en est une belle démonstration. Je voudrais très sincèrement vous remercier, vous qui donnez si généreusement votre temps, vos efforts et vos ressources à notre cause commune. Nous partageons le même idéal et défendons toutes et tous les valeurs humanistes des Pères fondateurs de l’Alliance Française. La formule qu’ils ont choisie à l’époque pour l’Alliance, toujours très moderne aujourd’hui, fondée sur les capacités d’initiative de la société civile et la coopération entre partenaires internationaux égaux, a rencontré un extraordinaire engouement tout au long du XXème siècle. Continuer dans cette voie aujourd’hui, c’est prendre forcément parti pour la diversité culturelle ; c’est aussi mettre en exergue le plaisir d’échanger, de donner, de recevoir et de partager ; de favoriser en quelque sorte une meilleure compréhension entre les peuples et les cultures. Je crois profondément que la mise en œuvre au quotidien, dans vos Alliances, de notre intérêt intellectuel pour autrui, de nos qualités de solidarité et de générosité, est plus importante que jamais en ce début de siècle très matérialiste, tout à la gloire de l’individualisme et du profit. L’Alliance Française doit prôner et défendre la suprématie de la pensée et de la culture sur l’argent et sur les armes. Ce sont les qualités des humains qui composent ce grand réseau, vos qualités donc, qui lui permettent de remporter autant de succès.

Je suis convaincu que c’est dans ce goût des autres, de leur différence, de leur singularité, de leur identité culturelle, que nous forgeons notre confiance en nous-mêmes pour, au-delà de la promotion des cultures francophones, faire découvrir notre manière originale d’appréhender le monde qui constitue une véritable alternative au modèle dominant et uniformisé trop souvent imposé par la mondialisation. Dire avec conviction que nous croyons que la langue française a vocation de rester une des grandes langues de communication internationale, n’est pas antinomique à la reconnaissance de la vigueur de l’arabe, du chinois ou de l’espagnol, et ce n’est surtout pas une déclaration de guerre à l’anglais.

Votre stratégie doit être de considérer la promotion de la langue française comme inséparable d’une ouverture aux autres langues et donc naturellement à la langue malgache qui l’enrichissent et nous permettent de participer pleinement au grand mouvement d’internationalisation des échanges. L’Alliance doit être le lien où l’on concrétise ces propositions et même où l’on rêve d’un monde meilleur et d’un avenir plus souriant. Car l’Alliance n’est-elle pas, avant tout, comme aimait à le rappeler Marc Blancpain, une fraternité de l’esprit ? Je vous remercie de votre attention ».

En soirée, le couple Anne et Alain Le Roy a invité tout ce beau monde à la Résidence de France à Ivandry. Vous aurez quelques photos dans l’album qui sera mis en ligne ultérieurement.

Le Colloque se poursuivra jusqu’au lundi 2 juillet 2007 à l’Aft Andavamamba. Mais pour ce week-end et dans le cadre des 60 ans de l’Aft, trois évènement auront lieu, qui sont :

Jeannot Ramambazafy

Journaliste

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